
Lectures héliotropes
Micro-résidence
La HALTE, Dare-Dare
7, 13 et 14 août 2022
À l’été 2022, le collectif Phorie a été accueilli par le Centre de diffusion d’art multidisciplinaire Dare-Dare à l’occasion d’une micro-résidence de recherche-création à la HALTE, une bibliothèque aménagée dans le Parc Sainte-Cunégonde dans le Sud-Ouest de Montréal.
Il a d’abord fallu s’approprier le lieu en fabricant une table multifonctionnelle, à mi-chemin entre le mobilier urbain et la table-basse associée à l’espace domestique. Nous avons fabriqué une table mobile, tournante, pour nous forcer au déplacement, pour nous rappeler notre présence in situ, pour revenir, à intervalles réguliers, au geste de lecture, à la présence de la recherche. Sur cette surface, sur laquelle nous avons observé le travail des insectes dans le bois et fabulé la possibilité d’en faire un cherche-étoile d’une constellation d’idées à organiser, nous avons accumulé des objets, des livres, des ordinateurs, mais aussi des questions de recherche. Qu’est-ce qui caractérise la pratique de la lecture lorsqu’elle se fait dans l’espace public ? Est-ce les choses ont une intelligence propre ? Qu’apporte le cadre artistique dans notre travail de recherche à la HALTE sur ces questions ?
En préparation, nous avons interrogé différentes pistes pour y répondre, de la conférence sur les choses de Heidegger à la “thing theory" de Bill Brown. En réalisant une permanence dans le lieu, nous avons cherché dans la collection de Dare-Dare de quoi nourrir nos réflexions sur la présence de l’art dans l’espace public tout en portant particulièrement attention aux moments où, dans les textes, il est question de poser un regard sur les objets, sur la matérialité du monde. Cette présence dans le lieu a facilité la rencontre de nos ambitions respectives, la mise en commun de notre travail préparatoire et la découverte du parc avec ses exigences, ses particularités. La canicule, l’achalandage, les interactions, le manque de temps ont travaillé à leur façon nos questions de recherche, nous aidant à concevoir le projet performativement.
La sortie de résidence a été l’occasion de convier des participant·es autour de la table, d’agrandir le collectif en table-ronde, pour faire circuler la parole autour de nos questions, de recueillir des réflexions pour faire avancer le travail de recherche. Nous avons donc repris, presque en mode focus group, les axes de recherche disparates pour tenter de les faire tenir ensemble, aidés de plusieurs mains. Ce sont surtout des récits d’expériences de lecture déroutées par ce qui se passe autour d’elles qui ont été partagées : chercher dans Clarice Lispector la même disposition sensible se trouvant dans la nature pour unifier l’imagination du livre avec le réel du lieu où l’on lit, se cacher derrière un livre pour ne pas paraître seul·e dans l’espace public, modifier ses attentes de lecture et accepter d’entendre l’autre plutôt que de s’entendre lire, etc.
Au fil des discussions, agi·es par les secousses d’une table devenue horloge, nous avons multiplié, en parole, dans la discussion, des allers-retours entre les lectures menant ailleurs et la matérialité des choses ramenant à l’ici et maintenant dans une sorte de cercle vertueux entre les lectures et les choses. Finalement, nous avons embrassé les questions initiales dans leur circularité : regarder ce qui compose notre environnement, se tourner vers les lectures pour renforcer notre attention sur les choses, puis revenir vers elles, ainsi de suite… Lectures circulaires. Lectures tournesol. Lectures héliotropes.



crédit photo : Nicholas Dawson

crédit photo : Nicholas Dawson

crédit photo : Nicholas Dawson

crédit photo : Nicholas Dawson

crédit photo : Nicholas Dawson

crédit photo : Nicholas Dawson

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crédit photo : Nicholas Dawson

crédit photo : Nicholas Dawson

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